lundi 9 mars 2009

LA TANIERE DU MAITRE



Un poste de radio/CD posé à même le sol émet une musique connue, un best of des plus belles chansons de blues américain, un pur plaisir pour les oreilles. Mais ne nous attardons pas, la réelle teneur du sujet est bien une petite partie de l’histoire d’un PUDUC. En l’occurrence, moi…

Porté par la mélodie, c’est presque en transe que j’effectue mes pompes journalières… 303… 304… 305… cela n’en finit plus. Une goutte de sueur vient se loger dans le coin de mon œil, aucun problème… 318… 319… 320… Il faut dire que je me filme avec mon tout dernier achat, un superbe caméscope numérique posé en équilibre sur une chaise. Un rapide clin d’œil vers l’objectif et… putain, mon téléphone portable sonne, aller ce n’est pas grave, je décroche et continue d’une seule main…327…328… 329… QUOI !
Non de dieux, la nouvelle bloque instantanément ma carcasse chauffée à bloc. Un message avec des codes très élaborés m’oblige à tout arrêter et bien sûr pourrit ma vidéo. Tant pis, je ne me lève même pas, car le sol sur lequel venait riper mon nez est en fait le mur de mon garage. Une seule pensée m’obsède à l’instant, Maître LARRY est en difficulté. À travers la fenêtre entrouverte, je scrute l’horizon afin d’y déceler quelques signaux de fumées… rien… pourquoi le portable ? Merde, je ne comprends vraiment pas… est-il possible que ce soit un piège ?

Dans un moment comme celui-là, ce n’est pas les conditionnements qui guident un guerrier, mais son instinct. Faire le con devant la vidéo m’a complètement vidé et je décide donc de récupérer rapidement en prenant une position de méditation appropriée, le guépard en drisse.


Trois jours plus tard, je sors de mon incroyable effort et téléphone au plus vite à un livreur de pizza afin de compenser mes pertes caloriques. En attente de mon mets favori me voilà sous la douche à me laver avec attention en vue de mon futur périple. Un PUDUC ne se lave jamais à l’eau chaude… Dans une mission comme celle-ci, la rapidité d’exécution est primordiale et c’est là toute la complication de la chose, mon expérience me fait gagner des points. Tout en mangeant une part de mon succulent chorizo/merguez au fromage de Bergues, mais pas trop cuite, je me remémore le tracé « secret » du lieu de mon intervention. La tête ailleurs et de la bouffe plein le gosier, je me fringue pour l’occasion, ma tenue de guerrier/motard. Un PUDUC sait faire plusieurs choses à la fois…

À un arrêt de bus, POLO attend impatiemment. Tout à coup, une voiture déboule de nulle part à une vitesse ahurissante, la mienne. Crissements de pneus et arrêt du bolide juste devant le mousse, tous yeux dehors. La portière côté passager s’ouvre et notre POLO en profite pour sauter à bord, enfin presque, car sa très petite taille l’empêche de s’immiscer à l’intérieur. Alors voilà la scène, la portière étant largement ouverte, POLO est pendu bras tendus au bas de caisse et la pointe de ses pieds effleure le sol. Notre dernière mission dans l’espace m’a laissé un goût amer dans la bouche et je lui en veux ouvertement. Le regard fixé sur moi, le gnome devine bien avec envie qu’une nouvelle aventure nous attend, et cela, à cause du casque de moto posé sur ma tête et de mes lunettes de soleil qui servent à tromper l’ennemi. Je démarre.


En pleine campagne, je décide de laisser POLO avec ses amies les vaches et pour cela rien de tel qu’un bon freinage d’urgence. Le farfadet voltige en tournant dans les airs et atterrit tête en avant dans un champ où broute tranquillement un jeune et vigoureux taureau. La suite ne peut pas être racontée ici sans déborder vers un sujet délicat. Le mastodonte, en tout cas, ne s’ennuiera plus jamais. Je tiens enfin ma vengeance et redémarre au plus vite vers ce qui doit normalement être une mission de secours.

Devant une statue à proximité du monastère où cohabitent les moines du mont-des-cats, ma vigilance est poussée jusqu’à l’extrême. Je n’en dis pas plus, car secret oblige. Me voilà quelques instants plus tard, occupé de m’engouffrer dans les limbes, un dédale de couloirs sombres et inquiétants. À chaque fois c’est la même rengaine, deux, trois, quatre, puis finalement huit paires d’yeux énormes… des rats géants, pesant chacun pas moins de 30 kilos. Mais ça va, ils restent tranquilles, pour cette fois.



La vue du puits des morts vivants me conforte dans le bon déroulement du circuit topographique. En fait, le nom est un peu exagéré, il n’y a qu’un seul zombie, laissez-moi rire. Les 500 mètres de profondeur ne seront pas une mince affaire. En plus du noir total, l’air sec ambiant rend l’unique liane très friable. Cette incursion sans rappel est donc très dangereuse. Bon aller, cela pimentera un peu plus la mission. Ah, j’entends du bruit, enfin, ce n’est pas trop tôt… 7 secondes plus tard, le « revenant » repart avec sa tête sous le bras en traînant la patte. Allez, je m’engouffre en sautant dans le vide et en glissant le long du cordage naturel… wouaouuuuu !


Après être arrivé au fond du puits, un petit tunnel me conduit vers la sortie. Une corniche de quelques mètres carrés avec en son centre un deltaplane en os de baleine et en peau de chèvre. Certainement une relique vieille de plusieurs siècles. Et c’est sans réfléchir que j’enfourche l’engin pour mieux planer dans le vide. Bon, maintenant les aigles… QUOI ?


Mon étonnement est à la hauteur de ce qui arrive sur moi… des ptérodactyles… entre nous, Maître LARRY délire parfois complètement. En bas, il y a un lac artificiel rempli de requins, piranhas et crocodiles, le tout séparé par des enclos immergés à fleur d’eau… Je pense que le vieux quarantenaire a un grain, mais bon la sécurité du site avant tout.

Un feu de fortune rien de tel pour se réchauffer le corps. Le deltaplane est posé rapidement dans un coin pour le retour, tout va bien, mais j’ai la dalle. Et c’est allongé jambes croisées en sifflotant près des flammes que je manipule le tourne broche en attente d’un ptérodactyle cuit à point… Maître LARRY ne sera certainement pas content en apprenant qu’une de ses volailles a fini en brochette pour soulager mon vorace appétit, mais tant pis, ça vaut le coup.



J’avance lentement en direction de la dernière épreuve, la plus difficile à mon goût. Une porte énorme de seulement trois centimètres d'épaisseur, mais faite dans un blindage indestructible à la matière inconnue sur terre. Pour pouvoir actionner l’ouverture qui donne accès à la tanière du vieux Maître, un parchemin est enfui dans le fond d’une urne. Ce dernier est cacheté avec de la cire, et le tout, posé sur un autel en pierre de type celtique, à sept mètres de la dite porte. Si mes souvenirs sont bons, en plus d’être modifié chaque jour, une énigme est inscrite dessus en lettres de sang, tel que le veut la tradition des anciens. Pour moi, ils sont tous aussi fous les uns que les autres, mais bon, sécurité oblige…
Quand l’urne est enlevée de son socle, la personne a 10 petites secondes pour trouver et révéler la réponse en criant très fort. En cas d’erreur, après 30 secondes une charge instable à neutron balayerait tout sur 10 kilomètres carrés, je dis bien tout… Mon excitation est à son comble, si une épreuve doit être un sans faute, c’est bien celle-ci. Sans réfléchir, je m’empare de la jarre en terre cuite puis du parchemin… Putain, c’est du maya, mais pas la langue morte proprement dite, mais un dialecte qui était utilisé par les chasseurs chichi.

-Ednom ua sreirreug sdnarg sulp sel suon semmos iouqruop ?

-Parce que... heu… BOITE À CACA !

Dans l’instant, la porte s’ouvre sans aucun bruit et m’invite à pénétrer dans l’enceinte du Maître. Avec le temps, le vieux farceur peaufine ses tactiques et c’est bon pour nous, pas pour les éventuels intrus. Je pense quand même qu’il est cinglé…


J’avance tel un félin afin de surprendre, un, voir plusieurs gêneurs. La grotte dans laquelle j’évolue est un véritable bazar. J’entends par là, un mélange de technologie dernier cri, certains objets ne sont même pas répertoriés sur terre. Des bibelots aux pouvoirs magiques sont disséminés un peu partout. Au centre de la caverne se trouve une énorme bibliothèque contenant des manuscrits « dévoilant » tous les secrets répertoriés sur la planète terre, des siècles de recherches. L’enceinte est parsemée d’ordinateurs et un écran géant domine toute la surface du lieu.

Je m’introduis dans la pièce favorite de Maître LARRY... les chiottes… rien. Peut-être le temple séculaire, je m’infiltre avec aise et douceur. En plus d’être sombre, l’endroit est lugubre. Du bruit et des gémissements me font penser que j’ai affaire à forte partie. À ce moment même, j’ai un orgasme… un régal. Personne au monde n’est capable de passer les obstacles, se jouer de la vigilance du Maître, puis de le malmener, personne…

Nom de dieu, Senseï est allongé dans le vide, face contre terre. Son corps lévite de son long à un mètre du sol. Pendant ce temps et de dos, un colosse de 3 mètres de haut et pesant à vue de nez un bon 200 kilos lui écarte les orteils. Putain, maintenant il saute en l’air et atterrit sur les vertèbres cervicales du malheureux, son point faible. Un hurlement s’échappe de la gorge du vieil « excentrique », est fait écho jusqu’à moi, s’en est trop. Ne tenant plus, c’est avec la rapidité de l’éclair que j’interviens. Le colosse, malgré son poids, esquive ma première attaque, contre la deuxième, puis tente de me glisser 2 doigts dans le nez… Son assaut ayant raté, il m’attrape une oreille pour la mordre, mais échoue également. Il recule et j’imite sa tactique. Il est très, très fort et je me résigne, tout comme lui, à en finir au plus vite. Dans l’instant, je baisse mon froc et offre à sa vue mes parties les plus charnues. Nous nous chions mutuellement dessus… et restons tous les deux debout. Impossible, seul un PUDUC peut résister à la chiure d’un autre PUDUC !


Maître LARRY éclate de rire en nous voyant ainsi ensevelis. Les explications ne tardent pas à tomber. Dans cette semi-obscurité, cette masse de muscle n’était qu’un adversaire à abattre au plus vite. D’ailleurs, le colosse était dans la même situation que moi. Mais… cette chevelure… ces arcades proéminentes… et surtout, cet air de gros doudou… Le mastodonte se rapproche un peu et je découvre un visage faiblement éclairé par la lumière d’une vieille lanterne tenue à bout de bras par un Maître LARRY hilare… Nom de dieu, c’est Luc « Le Grand SYMPATHIQUE » un PUDUC et pas des moindres. Résidant sur un îlot dévasté dans le sud de la France, ce dernier est le seul au monde capable de maintenir enfermées les créatures les plus néfastes. LUC est leur cerbère attitré. Pour l’histoire, c’est lui qui suite à l’ascension du méchant Harry POTTER, et sous la responsabilité de TONTON Franck, avait relâché la pire charogne qui soit « PHANY Femme de ».


L’émotion est grande. Nous nous enlaçons avec des larmes naissantes dans les yeux puis pleurons à chaudes larmes, sous le regard ironique de Maître LARRY. En buvant un coup de gnole, le vieux farceur explique qu’il forme LUC afin d’en faire un masseur spécialisé dans les bébés gargouilles. Wouai, pourquoi pas… moi, je ne digère toujours pas son coup de téléphone inquiétant.


S’il se fait chier et que cela l’amuse de… quoi, il me tend un livre… C’est son nouveau bouquin sur le développement musculaire grâce à la force de l’esprit… SUPER, surtout quand on sait qu’il est limité en nombre d’exemplaires… 3 au total. L’air penaud, je m’avance et remercie le Maître à coups de congratulations et lui offre une pomme en guise de don.

Aujourd’hui, c’est jour de fête !



A LA PROCHAINE MON GRAND !