L'INITIATION

Première partie

Le 19/07/2009

La nuit totale me permet de profiter du spectacle hallucinant qui s’offre à moi. Des éclairs menaçants, agrémentés de magnifiques coups de tonnerre, illuminent le paysage chaotique de cette partie du Maghreb…

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J’ai mal…

Il fait froid et ma peau dénudée s’endurcit année après année. Les épreuves physiques et les coups de bâtons font craqueler mon cuir épidermique, je continue pourtant mes tractions, attaché et suspendu à une barre de fer. La pierre fixée à mes pieds par une corde, à peu près 30 kilos, me lacère la chair à vif, pourtant, je continue mes tractions… c’est dur, très dur. Quand tout sera fini, car je ne compte pas en rester là, le gaillard avec sa hache disparaitra.

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Pourquoi suis-je dans cette situation ?

Tout simplement parce que mon entrainement actuel est de m’endurcir pour des épreuves futures… mon initiation au sens de la vie d’un PUDUC (le JATAKA), j’aurai bientôt 13 ans. Le type dans mon dos m’a pris en grippe et profite de la situation pour m’en faire baver, tant mieux. La pluie martèle mon corps d’ado et le nettoie du sang qui s’échappe de mes multiples plaies. J’ai mal, mais ce n’est rien comparer au visage moqueur de mon bourreau, il va payer.
À cet instant, il lui prend l’envie inopinée de me cracher dessus, s’en est trop…
Mes pensées sont confuses, c’est un signe de grande colère. Un cri terrible vient pourfendre l’espace environnant, le mien.

Rassemblant toutes mes forces, je bande mes muscles à l’extrême et me libère de mes liens, puis me laisse tomber sur le sol. Ma sentence sera magistrale. Quand je me relève pour punir mon tortionnaire le constat est sans appel, il a fui telle une gazelle.

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La fatigue me guette et mes forces me quittent, je décide donc de renter… 150 kilomètres à pieds. Ah, j’ai failli oublier… ma pierre de 30 kilos.

Le 07/11/2010

Bien plus tard, mon entrainement n’est plus qu’un heureux souvenir et c’est en compagnie de mes potes, sans oublier ma meuf, que je reçois, devant mon école, un courrier sous forme de rouleau cacheté par de la cire. Le coursier s’en est allé comme il est venu, un mystère. D’abord la joie, puis la crainte du contenu… mes mains tremblent. Mon appréhension est palpable, je décide donc… de l’ouvrir plus tard. Ma destinée se trouve dans ce rouleau, alors quoi ?

Je l’ouvre.

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J’éclate de joie et saute dans tous les coins, puis m’écroule pour finir à genou. L’émotion est si intense qu’aucun mot ne peut la définir. J’ai gagné mon droit d’entrée dans la tanière du maître et de redéfinir ma destinée pour enfin ne plus être « Fils de », mais bel et bien un… PUDUC !

Wouaouuuu !

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Ce bonheur doit être un partage, je décide donc de rendre une petite visite au plus grand guerrier, pour moi, de tous les temps, L’VALET… mon père.
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Le téléphone portable est une invention formidable et c’est excité comme une puce que… quoi, il ne peut pas me voir maintenant ? Il doit certainement s’entraîner comme un fou. Tant pis, je vais aller le voir directement dans son garage et s’il m’engueule, je lui montre le rouleau. La fierté devrait prendre le pas sur la crise de nerfs, surtout quand il s’applique à griller des calories.

À l’intérieur du garage, personne. Peut-être dans le jardin, rien. Bien souvent, il s’exerce devant la télé, je monte donc en silence pour le surprendre. La porte entrouverte me permet de… tu parles d’un guérillero, il est affalé dans le canapé, ses deux mains derrière la tête, à grignoter des popcorns avec ses pieds en regardant « La petite maison dans la prairie ». Retour en arrière et cette fois en faisant du bruit… ce qui lui laisse, à vue de nez, 5 secondes…

Salut PA !

C’est clair, la scène n’est plus la même. À la téloche c’est la chaîne LCI et lui, ben, le vieux roublard s’efforce de finir une série d’abdos… 333… 334… 335… mon œil. Mais bon, c’est sa vie, pas la mienne. La vue du parchemin le met dans un état proche de la transe, puis d’excitation. Il me prend avec force et respect dans ses bras, c’est un moment agréable pour moi. Le vieux grigou n’est pas si dur que ça et la joie donne naissance à des larmes dissimulées, certainement de vieux souvenirs qui reviennent à la surface. Soudain, il recule et se met de dos afin de me questionner, bizarre.

-Que vas-tu faire après ton initiation ?

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-Arrêter l’école et gagner d’la tune en signant des autographes. Tu n’crois pas que j’vais me crever le cul, alors que l’cash peut tomber tout seul. T’es fou ?

Mon père va me faire la morale pendant 1 heure au moins, mais tant pis, je m’en fou royalement. Il croise les bras avec un petit sourire nargueur, je ne comprends pas.

-Sais-tu en quoi consiste ton initiation ?

-Non, mais moi je n’suis pas comme vous, j’vais pas m’faire avoir et trimer toute ma vie.

- Tes limites sont à la hauteur de tes connaissances. Ce que tu vas vivre fera de toi un être à part, une personne d’exception. Quand je t’ai embrassé, il y a quelques minutes, ce n’était pas par fierté, mais simplement parce que c’est la dernière fois que je te vois, c’était un adieu.

-Quoi, j’comprends rien… j’vais mourir ?

-Exactement.

-Mais toi, t’es pas mort. Tu l’as fait, et t’es toujours là !

Son sourire malicieux est de trop, je m’en vais en claquant la porte. Ils vont voir tous ces cons, moi, ils ne m’auront pas. C’est clair, je vais dégommer tout ce qui bouge, après on verra. Aller, direction le mont des cats où doit m’attendre Maître LARRY. Il va m’apprendre 2 ou 3 techniques et après, je me tire...